Lancé en 2022 avec le soutien du Crédit Municipal de Paris, l’Observatoire poursuit, avec cette septième publication, son travail d’analyse des mécanismes d’appauvrissement spécifiques aux femmes tout au long de leur vie.
A travers une analyse détaillée sous le prisme du genre, cette nouvelle note montre que le système d’assurance retraite agit à la fois comme le révélateur des inégalités économiques subies par les femmes et accumulées tout au long de la vie mais aussi comme un amplificateur de ces inégalités. Le verdict est sans appel : les hommes perçoivent des pensions de retraite en moyenne 62 % supérieures à celles des femmes.
Loin d’être la récompense d’une carrière, la retraite est le jugement de décennies de pénalité maternelle et de carrières fragmentées. Mais le système d’assurance retraite français, hérité d’une vision patriarcale de la famille de 1945, ne se contente pas de reproduire et révéler ces inégalités salariales et de carrière, il les amplifie. Les femmes attendent plus longtemps que les hommes à partir à la retraite (en moyenne huit mois plus tard) ou à attendre l’âge de 67 ans pour l’annulation de la décote. Résultat : les femmes retraitées sont plus pauvres que les hommes : près de 75 % des retraités modestes (ceux percevant moins de 1 000 euros par mois) sont des femmes.
Enfin, la note montre que les mécanismes correcteurs existants comme les droits familiaux ou les pensions de réversions qui atténuent l’écart de pension restent ancrés dans des normes sociales inégalitaires et ne compensent pas des facteurs d’appauvrissement des femmes comme la séparation, la monoparentalité et l’aidance. Malgré des réformes successives, aucune politique publique n’a véritablement intégré les inégalités de genre dans le système de retraite.
À l’âge où les hommes se retirent du marché du travail, les femmes poursuivent un travail invisible et non rémunéré : garde des petits-enfants, aide à un proche dépendant, tâches domestiques, engagement associatif.
Ainsi, la note démontre que l’inégale répartition des tâches, tant domestiques que de care, se poursuit dans la vieillesse. Les retraitées se retrouvent souvent confrontées au schéma de la « maîtresse de maison » et sont en première ligne de la solidarité familiale, notamment en tant que grands-mères. Les femmes restent, pour beaucoup, le “pilier invisible” des solidarités familiales.
Les autrices formulent 10 recommandations pour saisir les retraites sous un angle féministe et lutter contre l’aveuglement au genre des politiques publiques – avec une idée forte : toute réforme des retraites doit être adossée à une réforme ambitieuse et concomitante du marché du travail en faveur de l’égalité femmes-hommes.