Paris, le 22 janvier 2021
Depuis plusieurs semaines, la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF), qui gère le 3919 – numéro national d’écoute pour les violences faites aux femmes – est en désaccord avec le gouvernement quant aux modalités du passage en 24h/24 de son dispositif d’écoute. Le 15 décembre 2020, l’administration a publié le cahier des charges du marché public relatif à « la gestion d’un service téléphonique d’écoute, d’information et d’orientation sur le champ des violences sexistes et sexuelles ». Cette mise en concurrence et les conditions édictées par le cahier des charges risquent d’évincer la FNSF et le 3919 de cette mission essentielle d’écoute des victimes de violences conjugales.
La Fondation des Femmes, fondation de référence en France pour les Droits des Femmes et les violences dont elles sont victimes, apporte son plein et entier soutien à la FNSF. Nous avons la conviction que le secteur associatif féministe est un rouage essentiel pour mettre un terme aux violences faites aux femmes et aux inégalités. La FNSF a créé cette ligne d’écoute, l’a déposée, et l’a gérée, contre vents et marées et avec de petits moyens depuis bientôt 30 ans. Nous finançons chaque année une centaine d’associations, parmi lesquelles la FNSF. Nous connaissons ainsi l’engagement, le professionnalisme, le haut degré d’exigence et l’efficacité des services de la FNSF, dont les membres sont formées et spécialisées dans la prise en charge de femmes victimes de violences. Nous pouvons témoigner tout particulièrement de l’expérience unique de la FNSF dans la gestion du nombre élevé d’appels au 3919 et de la mobilisation exemplaire de son réseau d’associations partenaires pendant le confinement.
La Fondation des Femmes partage la crainte des associations : ce marché public risquerait de mener à une prise en charge détériorée des femmes victimes de violences. Le cahier des charges du marché public relatif à la gestion du numéro 3919 impose en effet des exigences restrictives, notamment en termes de durée des appels et de la priorité accordée à la minimisation des coûts. Une mise en concurrence induit également le risque de perdre cet outil au profit d’autres structures non spécialisées. Il est impensable, en ces temps si difficiles, de mettre en danger le numéro 3919, une ligne d’écoute nationale, gratuite, de soutien, d’orientation et de suivi pour les femmes victimes de violences.
Alors que plus que jamais, la lutte contre les violences faites aux femmes pâtit d’une absence cruelle de moyens budgétaires, il apparaît déraisonnable et infondé de fragiliser le principal service d’écoute dans ce domaine. Nous appelons donc le Gouvernement à trouver un accord avec les associations pour soutenir l’activité et le professionnalisme de celles qui luttent et accompagnent chaque jour sur le terrain les victimes de violences conjugales.