C’est l’une des avancées à porter au crédit du Grenelle contre les violences conjugales, tenu fin 2019 : le renforcement de l’ordonnance de protection, un dispositif qui recouvre une série de mesures d’urgence permettant aux victimes et à leurs enfants d’être mis·es hors de danger. Il était temps. L’Espagne a adopté ce système dès 2003. Notre pays a attendu 2010 et dix années de plus pour la version actuelle. Mais c’est dans son application concrète que le gouffre est le plus impressionnant. Selon un rapport publié en novembre par le centre Hubertine Auclert, en 2018, l’Espagne avait enregistré 40 720 demandes d’ordonnance de protection et en avait accordé 28 682. La France, respectivement… 3 299 et 1 670. Soit, sur ce dernier point, dix-sept fois moins, alors que la population de notre pays est de 30 % supérieure à celle de notre voisine ibérique1. Ce faible niveau d’accès à ce dispositif est à mettre en regard d’une autre réalité, effrayante : en 2019, il y a eu proportionnellement deux fois plus de femmes tuées en France par leur conjoint ou ex-conjoint (146) qu’en Espagne (55)…