Photo place de la République de manifestation qui illustre les CP de la Fondation des Femmes
11/01/2021

[Communiqué de presse] “Violences faites aux femmes : une réponse à la hauteur se fait toujours attendre”

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Paris, le 11 janvier 2021

Alors que Marlène Schiappa témoignait dans la presse de l’augmentation des signalements de violences conjugales sur la plateforme “Arrêtons les violences” pendant le second confinement, la Fondation des Femmes confirme avoir vu pendant cette période une augmentation significative des besoins d’accompagnement et d’hébergement des femmes victimes de violences. 

En effet, depuis novembre ce sont plus de 2 400 nuitées qui ont été financées dans le cadre d’Abri d’urgence. Ce projet, financé par la Fondation des Femmes, permet aux associations de terrain de mettre des femmes en sécurité dans des lieux de qualité et de les accompagner lorsque les dispositifs d’Etat sont saturésUne augmentation sensible des départs du domicile a ainsi été constatée suite au déconfinement et lors des vacances scolaires, et les associations de terrain s’attendent à ce que les besoins demeurent considérables dans les mois qui viennent, voire augmentent à la fin de la période hivernale.

Nous remercions la générosité du public et des mécènes qui nous permettent de protéger et d’accompagner ces femmes et leurs enfants qui, sinon, n’auraient pas de solutions. Cependant nous tirons la sonnette d’alarme : il n’est pas soutenable que ce soit l’initiative privée et citoyenne qui permettent aujourd’hui à des centaines de femmes et enfants d’avoir accès à un toit et à la sécurité. Il manque à ce jour plusieurs milliers de places d’hébergement spécialisé. Il s’agit de droits humains fondamentaux, que l’État doit garantir, quoi qu’il en coûte.

A l’instar du manque cruel de places d’hébergement, la Fondation des Femmes rappelle que la mobilisation des institutions face aux violences faites aux femmes reste largement insuffisante en France. La réponse pénale à l’augmentation des violences faites aux femmes doit également s’améliorer par la création de parquets spécialisés, d’un meilleur accueil en commissariat et gendarmerie, d’une plus grande réactivité des forces de l’ordre et de la Justice. Au vu du triple homicide de gendarmes du Puy de Dôme, nous demandons au Ministre de l’intérieur Gérald Darmanin d’organiser la confiscation immédiate des armes à feu de toutes les personnes visées par des plaintes pour violences conjugales. Il en a le pouvoir. Il ne manque que la volonté.

Enfin, les leçons des deux derniers confinements nous montrent que les dispositifs d’accompagnement à distance, au téléphone ou en ligne sont des recours de première importance en cette période. La FNSF, qui a créé et gère le numéro 3919 depuis plus de 30 ans, a ainsi enregistré 7000 appels hebdomadaires en confinement au lieu des 2000 en temps normal (soit 350% d’augmentation). A ce titre, la Fondation des Femmes s’inquiète de ce que le marché public publié récemment pour mettre en concurrence la gestion du numéro d’écoute 3919 ait pour conséquence une grave dégradation de la prise en charge des femmes victimes de violences. Nous enjoignons le gouvernement à faire en sorte que l’intérêt des femmes victimes de violences prime sur toute autre forme de considération et à revoir de toute urgence sa copie.