26/08/2021

[RAPPORT] Numérique : le sexisme en liberté

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Faisant suite à une étude du CSA réalisée en 2018 sur la représentation des femmes sur YouTube, la Fondation des Femmes publie un nouveau rapport, en partenariat avec Sciences Po, sur l’image des femmes dans le secteur numérique via l’étude des vidéos de la plateforme les plus regardées des années 2019 et 2020.

Dans le secteur numérique, il est crucial de lutter contre les stéréotypes et séquences dégradantes pour les femmes, qui font le lit des violences, trop souvent mortelles. Internet, de ce point de vue, est le lieu de tous les dangers. Non régulé, les pires propos et images pour les femmes peuvent y circuler en toute liberté” explique Sylvie Pierre-Brossolette, de la Fondation des Femmes, ancienne membre du CSA et coordinatrice de ce rapport.

Stéréotypes, sexualisation, violences…
Sur la période 2019-2020, on constate tout d’abord une présence écrasante des premiers rôles masculins dans les vidéos sur Youtube. 39% des vidéos étudiées contiennent des stéréotypes féminins, fondés sur des images préconçues des femmes, comme par exemple “la maternelle” ou “l’hystérique”. Au total, ce sont 68,2% des contenus qui présentent des stéréotypes de genre (féminins et masculins).

La sexualisation des personnages concerne uniquement les personnages féminins, tandis que les propos à connotation sexuelle observés sont prononcés à 96% par des hommes. Quand sont observés des rapports de soumission entre personnages féminins et masculins, ce sont toujours les femmes qui sont soumises. Un quart des vidéos étudiées présente au moins une forme de violence, dans près de 99% des cas, celle-ci est le fait de personnages masculins.

Quel impact du confinement sur l’image des femmes dans les vidéos ?
Alors que sur la période 2019-2020, 35% des vidéos présentaient une image dégradante des femmes, le phénomène s’est accentué pendant la crise sanitaire. En effet, près de 43% des vidéos répertoriées pendant le premier confinement présentent une image dégradante des femmes. Pendant le deuxième confinement, 75% des vidéos répertoriées présentaient quant à elles un contenu stéréotypé.

Au global, on constate une dégradation de la représentation des femmes entre 2019 et 2020, traduite par plusieurs indicateurs en hausse :

  • Les contenus stéréotypés (75% en 2020 contre 62% en 2019) ;
  • Les contenus à caractère sexiste et sexuel ;
  • Les contenus présentant une image dégradante des femmes.

Actions pour l’avenir
Cette étude démontre le besoin essentiel d’améliorer la représentation des femmes dans le secteur numérique. La Fondation des Femmes appelle toutes les parties prenantes – établissements administratifs et financiers, plateformes, gouvernement, Parlement, associations, créateurs et créatrices de contenu, utilisateurs et utilisatrices – à se saisir de la question et réfléchir aux meilleures réponses à apporter. Quatre pistes sont envisageables, comme :

  • une modification de la loi de 1986 sur la communication pour y intégrer la régulation de l’image des femmes dans le secteur numérique ;
  • la mise en place des critères d’éga-conditionnalité dans le cadre du soutien à la création, la production, la distribution, la diffusion et la promotion d’oeuvres cinématographiques, audiovisuelles et musicales ;
  • l’élaboration d’une charte de bonne conduite entre le CSA et les GAFAM ;
  • l’introduction d’une obligation d’autorégulation de ces plateformes et médias sociaux.