Photo place de la République de manifestation qui illustre les CP de la Fondation des Femmes
24/11/2020

[Communiqué de presse] “Féminicides : Grande cause, petits moyens”

partager icon icon icon icon

Paris, le 24 novembre 2020

La Fondation des Femmes publie, à l’occasion de la journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes, son quatrième rapport intitulé “Où est l’argent pour protéger les femmes victimes de violence ?”.

Alors qu’elle devait être une année d’espoir pour les femmes victimes de violences avec la mise en avant médiatique et la tenue du Grenelle des Violences, 2019 aura finalement été celle du triste record des féminicides conjugaux : avec une hausse de 21 à 25% des féminicides conjugaux en 2019, il s’agit de l’année la plus meurtrière depuis une décennie. Un an après la tenue du Grenelle, si certaines avancées ont été réalisées, une grande partie des mesures restent à mettre en œuvre.

L’année 2020 est une année en demi-teinte. Le rapport détaille le succès de la mobilisation publique et citoyenne du premier confinement. Ainsi, alors que les violences ont augmenté très fortement (+36% dès la première semaine) celle-ci ne s’est pas traduite par une hausse des féminicides. Au contraire, la France a été un pays exemplaire, durant cette période, avec une prise en charge rapide et efficace des victimes. Éloignement des conjoints, interventions rapide de la police à domicile, procédures d’urgence dans les tribunaux, financement des associations, communication d’ampleur : ce premier confinement semble avoir montré ce que peut apporter la volonté politique et les moyens financiers lorsqu’elle se met au service d’une politique publique de lutte contre les violences et ouvre un espoir pour l’avenir.

Cette mobilisation exceptionnelle est malheureusement retombée dès les lendemains du confinement. Les habitudes des institutions policières et judiciaires ont repris leurs droits. Le Projet de Loi de Finance 2021 ouvrait aussi la voie à une nouvelle étape avec une hausse inédite de 40% du budget du Ministère des Droits des Femmes. Pour autant, notre rapport démontre que la lutte contre les violences faites aux femmes est loin de bénéficier des efforts nécessaires pour couvrir les besoins et que ces augmentations ne résolvent pas la question du sous-financement chronique du secteur. Par ailleurs, la décision d’ouverture de marché public pour le passage du numéro 3919 en 24h/24 fragilise le secteur associatif.

En 2021, les femmes n’ont pas besoin de nouveaux discours, elles ont besoin que l’Etat prenne ses responsabilités et passe aux actes. La Fondation des Femmes invite les pouvoirs publics à se ressaisir et propose cinq priorités d’actions : une politique d’hébergement digne des femmes victimes de violence avec la création de 2000 places supplémentaires ; la clarification de l’arsenal juridique sur les violences sexuelles ; le renforcement de l’accompagnement des femmes et de la politique d’éviction des conjoints violents ; et la réforme de l’administration pour plus d’efficacité politique.

En parallèle, la Fondation des Femmes lance une collecte de dons (#ToujoursLaPourElles) pour financer un nouveau dispositif “abri d’urgence” développé avec Make.Org et destiné à mettre à disposition des associations spécialisées et particulièrement du réseau de la FNSF 10 000 chambres d’hôtel de qualité pour les situations d’extrême urgence.