Paris, le 15 mars 2021
La Fondation des Femmes découvre avec horreur un 39ème féminicide commis mardi 4 mai, dans lequel l’arme à feu du conjoint, condamné pour violences conjugales en juin 2020 à 18 mois de prison, a été utilisée. Ce crime d’une violence rare, son auteur tirant dans les jambes de son ex-compagne pour l’immobiliser avant de la brûler vive, sonne comme un aveu d’échec pour le ministère de l’Intérieur, à plusieurs titres.
D’abord, il est incompréhensible qu’il puisse posséder une arme à feu. La loi encourage les gendarmes et policiers à confisquer les armes des auteurs de violences conjugales. Et pour cause : tous les ans, un tiers des féminicides sont commis par arme à feu, mode opératoire parmi les plus courants recensés pour ces crimes (67% en 2019 !). 2021 ne fait pas exception avec 13 féminicides sur 39 commis par arme à feu. 9 d’entre elles avaient d’ailleurs porté plainte. Nos alertes répétées sur la non application de la loi par la police sont restées sans réponse depuis le début de l’année de la part du ministre de l’Intérieur, et ce que nous redoutions s’est donc une nouvelle fois produit.
Ensuite, l’auteur des violences était connu pour des faits de violences conjugales, ayant été condamné à 18 mois de prison en juin dernier dont 9 avec sursis. Il venait tout juste de sortir de prison. Comment comprendre, dans ces conditions, que l’auteur qui avait interdiction d’approcher la victime n’était pas équipé d’un bracelet anti-rapprochement ?
Au vu de ces dysfonctionnements, on est en droit de se demander quelle importance Gérald Darmanin accorde à la lutte contre les violences faites aux femmes. Combien de féminicides par arme à feu faudra-t-il pour que le ministre de l’Intérieur donne consigne à ses services de réquisitionner immédiatement toutes les armes à feu de tous les conjoints identifiés comme violents par les forces de l’ordre, conformément aux engagements du “Grenelle” ? Combien de féminicides par des auteurs déjà connus de la police pour que les femmes et leurs enfants soient réellement protégés par la police et que les dispositifs votés soient appliqués ? Combien d’enfants orphelins et de familles endeuillées avant d’être entendues ?
Lutter contre les violences faites aux femmes demande un engagement au long court et des moyens alloués à l’éducation, à la prévention et à l’accompagnement. Lutter contre la forme la plus grave, les féminicides, demande une vigilance de chaque instant. Nous avions félicité les efforts gouvernementaux durant l’année 2020 avec une baisse nette du nombre de féminicides, notamment du fait de la vigilance accrue des services de police et de la justice et des moyens donnés aux associations. Ces derniers mois, les féminicides sont à nouveau en hausse, signe d’une priorisation politique en baisse. Nous appelons donc le Président de la République à renouveler la priorité donnée à la lutte contre les féminicides et à s’assurer que l’ensemble des membres du gouvernement s’y engage également.