Paris, le 25 septembre 2023
La Fondation des Femmes publie aujourd’hui la nouvelle édition de son rapport « Où est l’argent ? ». Ce rapport dresse un état des lieux actualisé du budget que l’Etat dépense pour lutter contre les violences faites aux femmes.
Si, en cinq ans, le budget de l’Etat dédié à la lutte contre les violences a augmenté de 50 millions d’euros – passant de 134,7 à 184,4 millions d’euros – les besoins, eux, ont explosé. Ce rapport vient ainsi illustrer le paradoxe de #MeToo : alors que nous n’avons jamais autant parlé de violences faites aux femmes, leur prise en charge est moins satisfaisante qu’avant #MeToo. Le budget moyen par femme victime de violences conjugales est en baisse de 26 %. Cela s’explique par le fait que l’explosion des demandes (+ 83 % de plaintes pour violences conjugales en 5 ans, + 100 % de plaintes pour violences sexuelles en 10 ans) n’a jamais été suivi d’investissements à la hauteur des besoins.
Par ailleurs, si le budget dédié aux violences conjugales (171,7 millions d’euros) fait l’effet d’une goutte d’eau par rapport aux besoins, celui dédié aux politiques de violences sexuelles est quasi inexistant (12,7 millions ), #MeToo est-il seulement passé par là ?
Le rapport révèle l‘écart abyssal entre les dépenses de l’Etat et les besoins nécessaires en matière de violences conjugales, sexistes et sexuelles. Aussi, pour répondre aux femmes qui portent plainte, le rapport estime le budget nécessaire à 2,6 milliards d’euros, soit une multiplication du budget actuel par 15 (passant de 2,78 euros par habitant à 39 euros par habitant et par an). Cependant, pour permettre de répondre aux besoins de l’ensemble des femmes qui déclarent des violences dans les enquêtes de victimation (y compris celles qui ne les dénoncent pas), ce montant atteint 5,4 milliards d’euros.
Pour améliorer les politiques de lutte contre les violences, la Fondation des Femmes identifie cinq priorités d’action : le renforcement de l’effort de lutte contre les violences sexuelles, l’augmentation du soutien financier aux dispositifs d’accueil, d’orientation et d’accompagnement des victimes, le renforcement de la chaîne des acteurs de la sécurité et de la justice, le remboursement à 100 % des consultations en psycho-traumatologie et l’augmentation des places d’hébergement des femmes victimes de violences.
Elle recommande également d’actionner 3 leviers : la reconnaissance des associations comme des partenaires de l’action publique de long terme, l’amélioration de la transparence budgétaire et enfin la mise en œuvre d’un véritable pilotage de ces politiques publiques.
Quand en moyenne plus de 120 femmes sont victimes de féminicides conjugaux chaque année, un sursaut budgétaire est nécessaire notamment pour soutenir les associations sous financées qui ne peuvent continuer dans les conditions que l’Etat leur impose.
Le 1er septembre, la Fondation des Femmes lançait un fonds d’urgence pour les associations féministes en situation de fragilité financière, avec l’objectif de collecter 1 million d’euros d’ici la fin de l’année. Alors que le projet de loi de finances devrait être présenté ce mercredi en Conseil des Ministres, près de 200 associations interpellent ce jour le Gouvernement pour investir massivement dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
Anne-Cécile Mailfert, Présidente de la Fondation des Femmes : « Où est l’argent ? » est un cri qui ne pose pas seulement la question des financements mais aussi celui du niveau de priorité qu’une société accorde aux femmes et à leurs droits. Combien faudra-t-il de mortes et de vies brisées pour qu’enfin notre société fasse droit ? »