Photo place de la République de manifestation qui illustre les CP de la Fondation des Femmes
26/12/2020

[Communiqué de presse] “Féminicides et gendarmes tués : l’inaction, scandale d’Etat”

partager icon icon icon icon

Paris, le 26 décembre 2020

Le témoignage livré au Dauphiné Libéré de l’ex-femme de Frederik Limol éclaire d’un jour nouveau les terribles tentatives de feminicide et triple homicide de gendarmes dans le Puy-de-Dôme. Ce témoignage vient répéter une fois de plus l’indifférence et l’inaction de l’Etat face aux plaintes des femmes victimes de violence. La Fondation des Femmes dénonce avec acharnement et répétition le dédain dont font l’objet les femmes victimes de violences, notamment lorsqu’elles alertent sur la dangerosité de leur conjoint ou ex-conjoint.

Ainsi, cette femme décrit les multiples plaintes déposées et les alertes restées sans réponses et l’ayant conduit même à écrire à Marlene Schiappa, alors Secrétaire d’Etat aux Droits des Femmes. Chacune de ces alertes sont restées lettres mortes ou été traitées avec le mépris habituel indiquant que son ex-conjoint « allait se calmer ». Le harcèlement judiciaire et les multiples menaces, particulièrement autour de la question de la garde d’enfant, les violences physiques répétées, la possession d’armes à feu, l’idéologie masculiniste affichée…n’ont ainsi pas été des considérées par les pouvoirs publics comme des signaux suffisants. Pourtant tout portait à penser que cet homme était extrêmement dangereux.

Toutes ces étapes montrent qu’il aurait été possible d’empêcher le crime massif du Puy-de-Dôme et la mort des trois gendarmes comme il serait possible d’éviter les centaines de morts de femmes par an que causent les hommes violents. Pour cela des politiques publiques sont possibles : un budget réaliste, des moyens dédiées et une mobilisation inédite des forces de police et de la justice. Les solutions ambitieuses sont sur la table.

Urgemment, et pour n’en citer que quelques unes, il faut déployer une véritable culture de la protection et comprendre que les violences machistes sont dangereuses, pour les femmes, et pour toute la société. Prendre au sérieux les violences dès les premières révélations, prendre en compte chaque plainte, délivrer des ordonnances de protection rapidement et massivement pour permettre la séparation et la sortie de l’emprise. Nous souhaitons qu’à la fin de chaque année il y ait la publication d’un rapport sur les manquements policiers et judiciaires après chaque féminicide. L’Etat doit apprendre de ses erreurs pour progresser.

Le refus de prendre en compte la parole des femmes et des associations et la persistance dans le mépris, l’inaction et le dédain constituent des scandales d’Etat dont sont comptables nos gouvernants. Il est temps de mettre fin à ce silence coupable et d’enfin passer à l’action. Elisabeth Moreno a dit vouloir s’attaquer de manière forte à ce sujet. Alors aux actes : c’est une question de vie ou de mort.