Photo place de la République de manifestation qui illustre les CP de la Fondation des Femmes
03/09/2021

Communiqué de presse

[COMMUNIQUÉ DE PRESSE] A quand le “quoi qu’il en coûte” contre les violences faites aux femmes ?

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A l’occasion des deux ans du Grenelle des Violences Conjugales, la Fondation des Femmes réagit au bilan des pouvoirs publics.

A quand le “quoi qu’il en coûte” contre les violences faites aux femmes ?

A l’occasion des deux ans du Grenelle des Violences Conjugales, la Fondation des Femmes réagit au bilan des pouvoirs publics. Selon le Ministère des Droits des femmes, 100% des mesures promises seraient en cours de réalisation ou réalisées. Leur mise en place doit être effective sans tarder, même si nous jugions déjà en 2019 qu’elles étaient insuffisantes. La persistance des violences nous montre à la fois qu’il est nécessaire de les compléter, et que la question des moyens financiers dédiés à cette politique reste centrale.

L’étude nationale sur les morts violentes au sein du couple en 2020 indique, entre autres, que sur les 102 féminicides, seule une femme était sous Ordonnance de Protection (ODP), et 2 hommes suivis dans le cadre de contrôle judiciaire. Deux améliorations sont notamment à tirer :

  • La protection des victimes doit être améliorée par la multiplication par 10 des Ordonnances De Protection (ODP) et passer ainsi de 3 300 à 33 000 ODP accordées.
  • Au-delà des centres pour hommes violents, dont l’efficacité devra être mesurée, il est nécessaire d’améliorer le suivi des agresseurs par le développement des services de probation et d’insertion pénitentiaires (SPIP) avec des stages de responsabilisation des agresseurs et un réel suivi sur le long terme.

Par ailleurs, le suivi et la coordination sont essentiels pour que les mesures annoncées trouvent un écho sur le terrain, dans la réalité de la vie des femmes victimes de violences. La Fondation des Femmes suivra de près le renforcement annoncé des moyens de la mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF) à cet effet, et des responsabilités qui lui seront confiées.

Enfin, sans minimiser l’augmentation récente du budget du Ministère chargé de l’Égalité des Femmes et des Hommes, notamment sous l’impulsion d’Elisabeth Moreno, ni le succès de l’extension de l’accès au 3919 24h sur 24 et 7 jours sur 7 par la Fédération Nationale Solidarité Femmes, les moyens continuent d’être largement insuffisants. A quand le “quoi qu’il en coûte” contre les violences faites aux femmes? 

Le compte n’y est pas, alors que 77 femmes ont été victimes de féminicides depuis janvier ; alors que des associations de terrain sont dans l’incapacité de répondre à des demandes d’aide, d’écoute ou de soutien, faute de moyens ; alors qu’il est encore possible qu’un homme condamné pour violences conjugales soit policier, ou pire, colonel de Gendarmerie et bénéficie d’une promotion. 

Le compte n’y est pas enfin, quand la mise en sécurité des femmes est empêchée par la saturation des dispositifs d’hébergement spécialisés et de l’absence de solutions d’accompagnement adaptées. Depuis début 2020, pour pallier l’urgence, la Fondation des Femmes a pu, grâce à la mobilisation de ses donateurs et donatrices, financer 33 500 nuitées pour mettre en sécurité plus de 1500 femmes et enfants fuyant une situation de violences. Ce programme, “Abri d’Urgence”, est suspendu depuis le 1er septembre 2021, faute de moyens. Cette situation intenable témoigne des difficultés criantes qui persistent.  

La Fondation des Femmes continuera de mobiliser donateurs, donatrices, mécènes et pouvoirs publics. Nous pouvons, nous devons faire mieux.