L’association Ikambere a été fondée en 1997 pour venir en aide à des femmes atteintes du VIH et particulièrement précaires à Saint Denis, avec l’ouverture de la maison accueillante. En 2019, forte de son expertise sur l’aide aux femmes précaires et porteuses d’une maladie, l’association a mené une étude sur la possibilité d’aider d’autres femmes atteintes d’autres maladies et de là est née Igikali, le deuxième projet de l’association. Ce projet a bénéficié de l’aide de la Fondation des Femmes grâce aux Grands Prix 2021 et a été lancé fin février 2022.
Ikambere veut dire la maison accueillante en rwandais et Igikali signifie la maison derrière Ikambere. Il était donc bien naturel d’appeler ainsi le deuxième lieu d’accueil et de soutien des femmes précaires et touchées par une maladie !
Suite à des échanges avec les professionnel.le.s de santé et forte de son expertise, l’équipe a choisi de se concentrer sur 3 maladies : le diabète, l’obésité et l’hypertension artérielle
“Ca fait trois mois que je viens ici, on s’y sent bien” Une femme accueillie – juin 2022
Nous avons été reçues par l’équipe d’Igikali fin juin pour avoir leurs retours sur les 4 premiers mois d’ouverture de la structure.
Pourquoi ces 3 maladies – obésité, diabète et hypertension artérielle ?
Contrairement à certaines idées reçues, le diabète, l’obésité et l’hypertension artérielle sont particulièrement développés chez les personnes les plus précaires, et encore plus chez les femmes. C’est donc tout naturellement (et avec beaucoup de travail) que l’association a lancé le projet Igikali et la maison d’accueil associée.
Ainsi, nous avons choisi ces 3 maladies car d’une part elles sont souvent liées (une personne a souvent 2 ou 3 pathologies) et que les médecins et professionnel.le.s de santé que nous avons interrogé en vue d’ouvrir une seconde maison nous ont orienté vers ces pathologies où le suivi holistique est le plus important
Comment expliquer que ces maladies affectent particulièrement les femmes précaires ?
Prenons l’exemple du diabète : souvent, pris à temps chez une femme jeune le diabète peut se réguler avec un changement d’alimentation et des pratiques sportives régulières. Pourtant, les médecins tendent à mettre directement sous traitement les femmes les plus démunies : comment manger équilibré quand on est à la rue ou qu’on a des moyens très faibles, que le logement est trop exigu pour avoir une réelle cuisine ?
Comment consacrer du temps à une activité physique lorsqu’on a une très mauvaise image de soi et qu’on passe la journée à chercher un petit travail, de la nourriture ou un logement pour le soir ? De plus, ces maladies sont souvent méconnues tout comme leurs conséquences (infertilité, risque d’amputation, yeux, etc), conséquences qui rendent encore plus fragiles.
Pourtant, les traitements médicamenteux nécessitent un suivi et ont des effets secondaires lourds : c’est une aberration totale tant d’un point de vue économique au niveau sociétal que d’un point de vue de la santé et de l’intégrité physique des femmes concernées, mais malheureusement bien souvent la seule solution. Avec Igikali, la donne peut changer. D’ailleurs, sur les 41 femmes accueillies au 1er trimestre de la création de la maison, la quasi totalité avait été orientée par des médecins.
Que proposez-vous concrètement ?
Nous redonnons le pouvoir aux femmes touchées par ces maladies chroniques à 3 niveaux
Qui sont les personnes de l’équipe accompagnante ?
Nous avons une équipe avec une assistante sociale, des salarié.e.s intervenant.e.s (socio-esthéticienne, coach sportif, diététicienne), une infirmière en charge de l’éducation thérapeutique, une conseillère en insertion professionnelle, une cuisinière, une hôtesse d’accueil
L’assistante sociale d’Ikambere est en charge de la mise en place du service social et de rendez-vous avec les personnes accueillies. Les équipes salariées sont également mobilisés pour la mise en place du protocole d’accompagnement.
Les fonctions de direction sont communes aux différentes maisons.
Une doctorante est également à nos côtés : elle travaille à la mesure de l’impact de notre structure sur l’amélioration de la santé des femmes accompagnées et sur leur qualité de vie. Elle va passer 3 ans à nos côtés. Son étude va permettre de définir ce qu’est un accompagnement global et ses impacts sur la santé des femmes accompagnées autant que sur leur situation sociale. L’idée est également de montrer que ces projets sont efficaces et à essaimer !
Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
Que toutes les femmes qui le souhaitent entendent parler de nous et qu’elles puissent trouver le soutien nécessaire pour déployer leurs forces intérieures et prendre soin d’elles à tous les niveaux !
Un troisième projet a d’ailleurs vu le jour depuis, largement financé grâce aux dons des donatrices et des donateurs de la Fondation de Femmes. Il s’agit de la “Maison Reposante”. Ce projet vise à offrir un lieu sécurisant, reposant et ressourçant. Les femmes accueillies vivent dans un contexte de grande précarité et de souffrance physique et mentale accentué par la crise sanitaire.
Grâce aux personnes qui font des dons, particuliers, entreprises, mécènes, la Fondation des Femmes a pu participer au financement de ces deux projets, qui changent les choses en profondeur pour les femmes concernées.
Merci !