Photo place de la République de manifestation qui illustre les CP de la Fondation des Femmes
24/11/2022

Communiqué de presse

[Communiqué de presse] Combien coûte la justice pour les victimes de violences sexuelles ? Le chiffrage de la Fondation des Femmes

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Paris, le  24 novembre 2022

 

À l’occasion de la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, le 25 novembre la Fondation des Femmes publie un rapport intitulé : “Cinq ans après #MeToo : le coût de la justice pour les victimes de violences sexuelles.

Rédigé par les expertes Lucile Peytavin et Lucile Quillet – le rapport met en lumière les innombrables obstacles et impasses sur le parcours des victimes de violences sexuelles pour accéder à la justice et les coûts que ce parcours engendre. 

 

 

« 10 657 euros

c’est le coût d’une procédure judiciaire pour viol 
d’après l’évaluation faite par les autrices du rapport, au vu des données disponibles ».

 

Alors que seules 13% des 95 000 femmes victimes de viols ou de tentative de viol portent plainte pour les violences subies – en raison de l’ensemble des obstacles sur leur route de l’accueil au commissariat à l’audience, le rapport met en évidence, un barrage supplémentaire à l’accès à la justice pour les victimes : le coût de celui-ci

 

Cinq ans après #MeToo, la Fondation des Femmes a également étudié l’indemnisation des victimes de violences sexuelles pour leur préjudice subi. De fait, seule une infinitésimale partie pourra prétendre et obtenir une indemnisation. Le rapport vient contredire formellement l’idée reçue et sexiste qui voudrait que les victimes cherchent à s’enrichir en portant plainte, dans la droite ligne du mouvement #OnNePortePasPlaintePourlArgent.

 

En réalité, les victimes doivent la plupart du temps assumer seules les frais de défense et de reconstruction, les aides disponibles étant insatisfaisantes.  À la violence sexiste et sexuelle s’ajoutent alors la violence économique et le risque de paupérisation. Les victimes ne portent pas plainte pour l’argent, la plupart du temps elles ne portent tout simplement pas plainte. Ce faisant, l’impunité des auteurs de violences est renforcée (moins de 1% des auteurs de viols sont condamnés par la justice).

 

Ce rapport est la première production de l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes de la Fondation des Femmes, qui réunit, grâce au soutien du Crédit Municipal de Paris, des expertes (économistes, autrices, chercheuses, etc.). (voir à propos)

 

Anne-Cécile Mailfert, Présidente de la Fondation des Femmes :  “Non, trois fois non, les victimes de violences sexuelles ne portent pas plainte pour de l’argent. Au contraire, la justice leur fait défaut : pour celles qui portent plainte, elles ont peu de chance de voir leur plainte aboutir, et leur démarche se fait souvent au prix d’une vulnérabilité financière et psychologique accrue. Bien rares sont celles qui obtiennent une quelconque réparation. C’est cette précarisation là que la Fondation des Femmes a voulu interroger et mettre en évidence.

 

Lucile Quillet, co-autrice du rapport :Les femmes parlent, et après ? En travaillant sur ce rapport, nous avons découvert un parcours miné de pièges et d’obstacles, où les victimes font face à une triple peine : à la violence sexuelle viennent s’ajouter des coûts financiers et psychologiques. Ces coûts créent des dommages à long terme et produisent un effet d’entonnoir : plus on avance dans la procédure, plus les victimes sont déboutées ou découragées. Pour obtenir justice, il faut que votre plainte soit prise, qu’elle ne soit pas classée sans suite, que vous ayez les moyens de payer un avocat, que l’affaire ne soit pas requalifiée, que l’agresseur soit condamné, que votre avocat ne sous-estime pas le montant de l’indemnité demandée, qu’il ait bien versé ses factures à la procédure pour que vous soyez remboursée. Sans compter l’attente, entre 5 à 7 ans, en moyenne. C’est une ultra-minorité de victimes qui obtient justice. Les autres paient le prix d’une quête de justice qu’elles n’obtiendront jamais.« 

 

Lucile Peytavin, co-autrice du rapport : « La violence masculine engendre des coûts de justice faramineux : chaque année l’Etat dépense des milliards d’euros et les victimes des milliers d’euros pour très peu de condamnations au final. Il est urgent de mettre fin à cette absurdité qui nous coûte à toutes et à tous très cher. C’est pourquoi le travail réalisé au sein de l’Observatoire pour l’émancipation économique des femmes de la Fondation des femmes est essentiel.« 

 

Frédéric Mauget, Directeur Général du Crédit Municipal de Paris :Garantir l’accès de toutes à la justice implique de révéler l’étendue et les ressorts des inégalités économiques entre femmes et hommes, mais aussi de mettre fin aux préjugés mortifères laissant croire que les victimes de violences sexuelles obtiennent d’importantes sommes d’argent, quand leur parcours judiciaire représente au contraire un coût financier et psychologique colossal. En cela, le travail de l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes est fondamental – soutenir sa création était une évidence pour le Crédit Municipal de Paris, qui accompagne les Parisiennes et Franciliennes en situation de fragilité pour leur permettre de reprendre le pouvoir sur leurs finances.

 

À  propos des autrices du rapport 

Lucile Peytavin est historienne spécialiste des droits des femmes, autrice de « Le coût de la virilité » aux éditions Anne Carrière et experte Psytel. 

Lucile Quillet est journaliste, conférencière, experte du travail des femmes et autrice de l’essai « Le Prix à payer, ce que le couple hétéro coûte aux femmes » (éd.Les Liens qui Libèrent). 

À propos de la Fondation des Femmes

La Fondation des Femmes, sous égide de la Fondation de France, est la fondation de référence en France sur les droits des femmes et la lutte contre les violences dont elles sont victimes. 

Grâce aux dons qu’elle reçoit, elle apporte un soutien financier, juridique et matériel aux initiatives associatives à fort impact, sur tout le territoire. 

Son expertise de financeur du secteur associatif féministe et la conviction, depuis sa création en 2016 que l’argent est au cœur du combat pour faire avancer les droits des femmes et progresser l’égalité entre les femmes et les hommes, amène aujourd’hui la Fondation des Femmes à lancer, avec le soutien du Crédit municipal de Paris, l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes. Cet observatoire réunit des expertes des questions d’argent féministes pour penser la situation économique des femmes et les écarts qu’elles subissent dans une vision globale à 360°, intégrant le poids des stéréotypes et les phénomènes juridiques et sociaux qui entravent une véritable égalité économique.

À propos du Crédit Municipal de Paris 

Établissement public administratif de crédit et d’aide sociale de la Ville de Paris, le Crédit Municipal est la plus ancienne institution financière parisienne. Créé en 1637 par le philanthrope Théophraste Renaudot, sa vocation première était de lutter contre l’usure en offrant un service social de prêt sur gage. À travers les siècles, le Crédit Municipal de Paris a conservé cette activité première tout en développant une large palette de services autour de l’objet (ventes aux enchères, conservation et expertise d’œuvres d’art et objets de valeur) et dans le domaine de la finance solidaire (éducation budgétaire, accompagnement de personnes en fragilité financière, épargne solidaire). Il constitue aujourd’hui un véritable lieu de ressources pour de très nombreux Parisiens et Franciliens.

Activité historique du Crédit Municipal de Paris, le prêt sur gage est un puissant outil d’émancipation et d’autonomie financière pour les femmes, qui représentent 80 % de sa clientèle. Les femmes sont également majoritaires au sein du service d’accompagnement de personnes financièrement fragilisées (60 %). Cette surreprésentation des femmes parmi les publics accueillis est le reflet d’inégalités de genre anciennes et persistantes, que le Crédit Municipal de Paris entend combattre.

Mécène de la Fondation des Femmes depuis 2018, l’établissement a choisi d’intensifier son partenariat en 2022 en soutenant, en particulier, la création de l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes. 

Pour en savoir plus :  institution.creditmunicipal.fr