“Il est malheureusement fréquent que les personnes que je reçois lors d’un divorce découvrent alors ce qu’est un régime matrimonial. Se poser la question avant le mariage éviterait pourtant de nombreuses difficultés par la suite”, remarque Khadija Azougach, avocate au barreau de Paris et membre de la Force juridique de la Fondation des Femmes. Aux yeux du droit, le mariage n’est rien d’autre qu’un contrat civil entre deux personnes : il prévoit les “règles du jeu” financières de l’union, mais aussi celles en cas de séparation ou de décès. Or, les effets des différents régimes sont très différents, en particulier en matière de patrimoine.
Quand les futur·e·s conjoint·e·s ne signent pas de contrat spécifique, le régime matrimonial légal qui s’applique “par défaut” en France est celui de la communauté réduite aux acquêts : chacun·e conserve ce qu’elle ou il possédait avant le mariage, mais tout ce qui est acheté ensuite tombe dans l’escarcelle commune. Même quand un·e seul·e conjoint·e assure l’intégralité de l’acquisition d’un bien important, par exemple un logement, l’autre en devient également copropriétaire (sauf à démontrer ensuite que ce bien a été financé par des fonds propres). Même logique quand l’un·e crée seul·e une société comme une SARL : l’autre est supposé·e pouvoir y être associé·e et a droit à la moitié de la valeur des parts. En revanche, les héritages ou les donations reçus ne font pas partie de ce “pot commun” ; mais si, comme c’est fréquent, une maison ou un appartement est acheté grâce à cet apport financier, il est utile de le faire préciser dans l’acte notarié. Dans ce cas, la part ou la totalité du bien ainsi financé reste le patrimoine “en propre” de celle ou celui qui l’a payé, ce qui simplifie les comptes en cas de séparation. À défaut d’acte notarié, il faudra prouver a posteriori que les fonds sont issus d’une donation ou d’un héritage, pour pouvoir réclamer une compensation… Enfin, “la communauté des biens est aussi une communauté des dettes”, rappelle l’avocate. Un·e conjoint·e peut ainsi se retrouver dans de graves difficultés si l’autre est par exemple un·e entrepreneur·e qui fait faillite ou contracte subitement un emprunt en pleine procédure de divorce. “Le régime légal n’est pas adapté à tous les besoins ni à toutes les situations”, conclut Khadija Azougach.