13/09/2024

[Tribune] #Metoo : prendre au sérieux toutes les victimes

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#MeToo continue et tant qu'il le faudra. Combien d'affaires faudra-t-il pour prendre les victimes au sérieux ? Combien d'affaires faudra-t-il pour que l'impunité cesse ?

La culture du viol et de l’impunité doit s’arrêter 

Parce que seules, nos voix ne suffisent pas, nous attendons de la justice qu’elle envoie un message clair à nos pères, frères, amis, oncles et cousins, professeurs, patrons, curé, imam ou rabbin, une fois pour toutes, que nos corps ne leur appartiennent pas. La culture du viol et de l’impunité doit s’arrêter 

Pour cela, un préalable est indispensable : prendre au sérieux les victimes. L’affaire Pelicot tient à un enquêteur ou une enquêtrice, qui a décidé de prendre au sérieux une photo volée sous la jupe d’une femme. De portable en ordinateur, de site internet en fichier ADN, cette affaire “anodine” pourrait mettre à jour un violeur en série, un meurtrier, et plus de 50 autres avec lui.

Par contraste, en 2020, 94% de plaintes pour viol étaient classées sans suite, un chiffre en hausse constante depuis #Metoo. Par manque de moyens souvent, aucune enquête n’est menée, le mis en cause, dont l’identité est connue dans 80% des cas, n’est pas convoqué, son portable n’est pas fouillé, les preuves ne sont pas collectées ou ne sont pas sauvegardées. Combien de Dominique Pelicot continuent d’agir en totale impunité.

Mais peut-on se satisfaire de cela sachant qu’il a fallu 10 ans pour sauver Mme Pelicot alors qu’elle alertait des médecins depuis des années ? Que les associations dénonçaient les dangers du site coco.fr depuis longtemps ? Et peut-on se satisfaire d’un procès qui, dès les premiers jours, se penche sur le passé sexuel de la victime, fait appel à des experts psychiatres maintes fois décriés et dont les avocats de la défense se jouent des ressorts de la culture du viol pour mieux humilier les victimes. Des chantiers immenses sont devant nous.

Nous savons qu’il est plus facile de s’indigner des morts et des affaires dites “exceptionnelles”. Mais prenez au sérieux les associations féministes quand elles le disent : la culture du viol est la norme. Les monstres sont normaux. Dominique Pelicot n’est atteint d’aucun trouble.  Les 80 hommes qui ont violé Gisèle non plus. Une étude en 2016 de l’université de Lille démontrait que 50% des hommes pourraient user de stratagèmes rusés, plus ou moins violents, pour forcer le consentement d’une femme. 30% des hommes violeraient une femme si ils étaient certains qu’elle n’irait pas porter plainte, des chiffres en hausse lorsqu’ils consomment de l’alcool. 

Pour en finir avec cette culture du viol, nous avons besoin de #Metoo. A l’instar de Gisèle Pelicot, qui a choisi un procès public, nous avons besoin de cette grande confrontation sociétale. Malgré les retours de bâtons, les manipulations médiatiques et juridiques pour faire taire les victimes et les mensonges systématiques des mis en cause, le mouvement #Metoo continue et fait désormais le procès d’une justice engluée dans une culture du viol profondément enracinée dans notre société. #Metoo nous permet d’avancer. 

Il tarde d’une réponse politique à la hauteur de la révolution que nous vivons. De nombreux chantiers demandent à être ouverts. Nous demandons une loi intégrale contre les violences sexuelles, qui se pencherait sur les dysfonctionnements de nos institutions (il faudrait des enquêtes systématiques sur les mis en cause, interdire celles sur le passé sexuel de la victime, encadrer les expertises psy, récolter et conserver les preuves de soumission chimique, prendre en compte la sérialité,… ), qui donnerait un cadre  et les moyens d’agir et de protéger (il faudrait élargir les ordonnances de protection aux victimes de viol, embaucher  5000 enquêteurs, financer à hauteur de 390 millions d’euros suplémentaires les associations d’aide aux victimes, rembourser le soutien psychologique, former les juges des cours criminelles départementales..), afficherait une réelle volonté de lutter contre la culture du viol dont nous sommes abreuvés (en particulier via le porno), dès le plus jeune âge. Bref, une loi intégrale pour répondre à cet enjeu immense que nous pose le procès Mazan. Une loi intégrale contre la culture du viol. Une loi intégrale pour prendre enfin au sérieux toutes les victimes.

POUR DONNER DE LA FORCE AU MOUVEMENT

1- Le 14 septembre, rejoignez les rassemblements en soutien à Gisèle Pélicot et toutes les victimes de violences sexuelles partout en France. 

Je trouve le RDV le plus proche de chez moi.

 

2- Signez la pétition de la Fondation des Femmes et MeTooMedia réclament une loi intégrale contre les violences sexuelles.

Je signe.

 

3- Faites un don à la Fondation des Femmes pour qu’elle puisse accompagner toujours plus d’associations qui oeuvrent contre les violences faites aux femmes. 

Je fais un don !