Pourquoi les femmes sont-elles moins riches que les hommes ? Au-delà des inégalités salariales, quels mécanismes historiques, juridiques, fiscaux, économiques, institutionnels et sociaux sont à l’œuvre ? C’est pour répondre à ces questions et interroger largement la question de l’argent des femmes que la Fondation des Femmes a lancé l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes avec le soutien du Crédit Municipal de Paris.
La nouvelle note de l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes, rédigée par les expertes Lucile Peytavin et Lucile Quillet, se penche sur le rôle de l’État dans la dépendance économique des femmes. Comment les prestations sociales et la fiscalité sont le reflet d’une dynamique patriarcale et affectent, dans leur fonctionnement, la liberté financière des femmes ?
Les structures conjugales et familiales ont changé depuis la deuxième moitié du XXᵉ siècle : moins mariées, plus de séparation, plus de familles monoparentales. Pourtant, les mécanismes d’allocations des aides sociales et l’impôt sur le revenu continuent d’être pensés comme si les femmes étaient entretenues par leurs maris. Ces mécanismes entravent l’émancipation économique des femmes.
Anne-Cécile Mailfert, Présidente de la Fondation des Femmes : “Il était temps de mettre à jour les mécanismes d’Etat qui appauvrissent les femmes et freinent leur émancipation économique. Il est maintenant nécessaire de les réformer.”
Lucile Quillet, co-autrice du rapport : “L’État utilise la notion de solidarité conjugale de façon paradoxale : d’un côté, elle sert de prétexte à la diminution des aides sociales individuelles pour les personnes dans le besoin, renforçant la dépendance et une forme de redevabilité vis-à-vis du conjoint ; de l’autre, elle justifie le cadeau fiscal fait au conjoint le plus privilégié via la conjugalisation de l’impôt, récompensé pour « prendre en charge » sa conjointe… Le tout, en oubliant que les couples d’aujourd’hui ne sont pas les couples d’il y a 60 ans.«
Lucile Peytavin, co-autrice du rapport : « La fiscalité étant un outil de justice, elle ne devrait pas appauvrir les femmes au bénéfice des hommes. Il est urgent de repenser ce système.«
Frédéric Mauget, Directeur Général du Crédit Municipal de Paris : “Les finances constituent une dimension clé de l’émancipation des femmes dans une société encore traversée par d’innombrables inégalités entre les femmes et les hommes. En proposant aux Parisiennes et Franciliennes en situation de fragilité un accompagnement gratuit pour reprendre le pouvoir sur leurs finances, le Crédit Municipal de Paris s’attache à réduire ces disparités. Soutenir la création de l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes était donc une évidence : il est urgent de révéler l’étendue et les ressorts des inégalités économiques pour qu’émerge enfin une mobilisation d’envergure, qui seule pourra les corriger.”
A propos des autrices du rapport
Lucile Peytavin est historienne spécialiste des droits des femmes, autrice de « Le coût de la virilité » aux éditions Anne Carrière et experte Psytel.
Lucile Quillet est journaliste, conférencière, experte du travail des femmes et autrice de l’essai « Le Prix à payer, ce que le couple hétéro coûte aux femmes » (éd.Les Liens qui Libèrent).